Bonjour,

Vous trouverez sur ce BLOG des documents réunis lors du "Projet Peter Pan".

Ils rendent compte d'un travail de réflexion et de création sur l'enfance mené pendant trois ans par des équipes pédagogiques, des enfants et des artistes de GONGLE.

A la suite d'une présentation générale, ces documents sont présentés en relation avec les 11 lieux de réalisation du projet.

Pour toute question, n'hésitez pas à nous écrire : contact@gongle.fr

Bonne visite !

GONGLE


4 - École Fondary (Paris 15ème), mars à juin 2008.


CRÉATION D'UN SPECTACLE


.public :
22 enfants d'une classe à double niveau (Ce1-CM2)

.durée:
20 séances de 1h

.intervenante:
1 artiste du collectif

.personnel de l'école impliqué:
la professeur

.travaux réalisés:
- un spectacle présenté en public
- des textes (histoires, comptes-rendus des séances)
- des dessins

1. LES ATELIERS

a- Thèmes

La construction collective : Quand on construit des cabanes, plusieurs questions se posent : Comment répartir les groupes? Comment distribuer les tâches? Comment décider de la forme de la cabane? Comment la faire tenir?

Ces questions nous ont permis d’établir un projet commun et d’en penser la méthodologie. Ainsi,au moment de l’élaboration du spectacle, les élèves ont formulé ensemble la structure dramaturgique sur laquelle nous nous sommes basés.

Pourquoi Peter Pan refuse t-il de grandir ? Cette question, nous l’avons posée au moment où les enfants s’étaient appropriés l’œuvre. Ceci leur a permis de prendre en charge cette problématique avec distance et liberté.

Culture et idoles des enfants : L’un des jeux réalisés par les enfants pendant le spectacle consistait à changer de rôle de manière éclair en décrétant : «je suis....». A cette occasion, il donnaient à entendre des personnalités médiatiques, historiques et culturelles qui les avaient marquées.

La vie sur l’île de Jamais-Jamais : à partir d’une scène réalisée par les enfants sur l’atelier théâtre, nous avons imaginé des scènes entre les Pirates et les Enfants Perdus. Ces scènes étaient pour les enfants des supports pour exprimer leur relation aux adultes.


b- Déroulement des ateliers

L'artiste-intervenante et la professeur ont travaillé en demi-groupes qui alternaient d'une semaine sur l'autre.

• avec l'artiste-intervenante: les élèves ont développé différents jeux:

- jeu du "Je suis..."(voir a-Thèmes),
- construction de cabanes,
- conférence mise en scène de comparaison entre la pièce et l'adaptation cinématographique de Peter Pan.

avec la professeur: les élèves ont mené principalement un travail d'écriture. Voici deux textes réalisés en classe à l'oral:

Texte 1
PETER PAN ARRIVE DANS LA CLASSE

La maîtresse est en train de faire un cours de maths quand Peter Pan arrive dans la classe en passant à travers la
fenêtre :
« Excusez-moi, dit Peter, je n’avais pas vu que la fenêtre était fermée. »
La maîtresse se fâche parce que Peter Pan a cassé la fenêtre et essaie de
le mettre dehors. Là, Clochette met de la poudre de fée sur la tête de la maîtresse et celle-ci s’envole dans la classe. Peter se débat et arrive finalement à s’enfuir dans la classe.
« Eh bien dites donc, remarque Peter, vous vivez tous les uns sur les autres ici ! »
-Mais non, disent les enfants, ce sont des immeubles avec des étages ; à chaque étage vivent des gens.
Tout à coup, il rencontre Julie : « Tu t’appelles Wendy ? »
-Non je m’appelle Julie
Il fouille dans la classe, trouve un taille crayon et demande ce que c’
est. Juliette lui répond que ça sert à tailler des crayons. Il ne connaît pas les instruments de géométrie et les jette sur le tableau. Il prend le compas et essaie d’écrire sur le tableau, et remarque que ça ne marche pas. Il voit des écritures sur le tableau, il demande ce que c’est. La maîtresse qui est encore dans les airs, lui répond que ce sont des mathématiques qu’elle apprend aux enfants. Alors il prend une craie et fait des gribouillages au tableau. « Qu’est ce que c’est ? demande Marta. C’est le langage de Peter Pan répond Peter. » Pendant ce temps, Natacha joue avec Clochette et Julie essaie de faire redescendre la maîtresse. Elle y parvient enfin. Il continue à apprendre aux enfants : « Dans ma langue, chaque gribouillis veut dire ce que l’on veut. » Tout à coup, Valentin, qui cherchait l’ombre de Peter, se met à saigner du nez. Peter croit qu’il est blessé et demande à Clochette un remède pour Valentin :
« Vite, il faut soigner la blessure ! »
- Mais non, c’est Valentin qui saigne du nez, disent les enfants.

Elle arrache les feuilles de la plante verte et les met dans le nez de Valentin qui arrête de saigner.
Peter trouve un livre de français et déchire les pages. Ensuite, il prend la règ
le du tableau, se bat avec et dit : « Elles sont bizarres vos épées. Chez nous, ce n’est pas pareil. »
Valentin, qui a trouvé l’ombre de Peter, se met à crier : « J’ai trouvé l’ombre de Peter Pan !
- Mais il faudrait que tu la recouses » dit Arthur. Peter prend un tube de colle et essai de la recoller.
« Je vais t’aider à la recoller » dit Marta.
Et elle la recolle. A ce moment là, Pierre qui n’arrive pas à croire ce qu’il voit, s’évanouit. Clochette met de la poudre de fée sur Pierre qui se réveille et s’envole. Une fenêtre est entrouverte et Pierre, attiré par un courant d’air, vole dans le couloir. Pierre
ne sait pas tourner et donc, s’écrase contre un mur. La maîtresse courait derrière Pierre pour le rattraper mais il est tombé par terre. Pierre s’est fait mal à la tête, il ne vole plus et revient en titubant vers la classe. Là, la cloche sonne. Tous les enfants sortent et Peter va avec eux. Il demande si il y a le feu. Les enfants lui répondent que c’est juste l’heure de la cour. Il décide donc de rentrer dans son pays. Elisabeth, qui est amoureuse de lui, lui fait un bisou : « Au revoir les enfants, je reviendrai bientôt. Vous m’avez appris des choses et moi aussi. » Il ouvre la fenêtre et repart. Clochette, qui est restée jouer avec Natacha, ne le trouve plus et le cherche partout. Elle ne sait pas qu’il est parti, alors les enfants le lui disent et elle part le rejoindre. Guirec, tout content de l’avoir vu, chante et danse : « J’ai vu Peter Pan ! J’ai vu Peter Pan ! »
Paul, lui, qui a vu Peter Pan voler, monte sur une table, saute et retombe par terre.


Texte 2
POURQUOI PETER PAN REFUSE-T-IL DE GRANDIR?

  1. Il est très joueur ; adulte il ne pourra plus trop s'amuser.
  2. Il perdrait son agilité.
  3. Parce que ces amis sont des enfants.
  4. Il n'aura pas de parents dans le vrai monde.
  5. Il ne pourra plus aller dans le monde de "Jamais-Jamais", il perdra son langage avec les sirènes et ses amis.
  6. Il ne pourra plus écouter les histoires de Wendy.
  7. Beaucoup plus de contrainte dans le monde adulte.
  8. Il ne verra plus clochette, il ne pourra plus voler.
  9. Il ne veut pas prendre de responsabilités, il veut rester libre.
  10. Il veut battre crochet.
  11. Il ne veut pas devenir papa pour ne pas s'occuper d'enfants.
  12. Il ne veut pas travailler.
  13. Il veut rester éternel.
  14. Il veut rester fidèle à ses amis.
  15. Il veut garder la magie.
  16. Il ne veut pas quitter les indiens.
  17. Il a peur qu'on se moque de lui s'il raconte l'Île de Jamais-Jamais.
  18. Quand on est grand, on a des pensées tristes ; quand on est petit, on a des pensées joyeuses.
  19. Adulte, on a des problèmes, on est sérieux. Enfant, on est joueur, on n'a pas de préoccupations.
  20. Peut-être qu'il ne sait pas ce que c'est de grandir ; il a peur de l'inconnu, il se sent bien comme il est.
  21. Il ne veut pas quitter l'île de Jamais-Jamais.
  22. Il ne veut pas mourir.
  23. Il ne pourra plus voler, jouer avec Clochette et les enfants perdus.
  24. Il ne croira plus aux fées et Clochette pourrait mourir.
  25. Enfant on est plus agile, pour les batailles avec crochet, c'est mieux.
  26. Grandir, c'est aller à l'école et c'est une perte de temps.
  27. Il ne veut pas suivre les règles, il veut être libre.
  28. Il ne veut pas avoir des soucis d'argent.
  29. Il serait dirigé alors qu'il est le chef de Jamais-Jamais.
  30. Il a peut-être peur de ne pas avoir de maisons.



2. LE SPECTACLE

• Nous avons élaboré un spectacle sur la base des expériences que nous avons faites au long des ateliers.

• Ce spectacle morcelé rendait compte de la diversité des thèmes et des approches pédagogiques que nous avons traversés.

• A cette occasion, nous avons aussi exposé les textes et les dessins réalisés par la classe, mais aussi d'autres documents réalisés par d'autres groupes qui ont participé au projet.

• Ces travaux ont été présentés aux élèves des autres classes et aux parents.


Les enfants Perdus dans la cabane.


Conférence comparative.


Jeu du "Je suis".


Vidéo : représentation publique.

3. TÉMOIGNAGE DU PROFESSEUR

«C’est un bilan très positif! J’ai le sentiment d’avoir atteint les objectifs que je m’étais fixés, et pour lesquels je m’étais impliquée dans ce projet. Les enfants se sont montrés très actifs,intéressés, parfaitement impliqués. Ils ont montré beaucoup de créativité et d’imagination et un vrai sens de l’effort sans distinction d’âges.

Le travail s’est articulé sur quatre thèmes conformément aux instructions officielles:

1- La citoyenneté : vivre ensemble, se mobiliser pour réaliser un projet commun.
2- La lecture: lecture de morceaux choisis de la pièce originale, étude de sa structure (didascalies).
3- L’écriture : compte-rendus des séances, textes d’imagination, description, point de vue, réflexions personnelles.
4- Expression orale, communication : mise en place de situations vraies de communication en relation directe avec le projet d’école, développement de l’esprit critique et de l’argumentation, échanges permanents adultes/enfants, enfants/enfants, adultes/adultes.

Cela m’a permis aussi de travailler avec les enfants sur le plan des arts plastiques: les enfants ont dessiné des cabanes puis ils ont imaginé des villes construites avec ces cabanes, mais conformes à l’architecture de leur environnement. (institutions publiques, commerces, numérotation des rues...)

A la fin de l’année, nous avons présenté un spectacle aux parents qui se sont montrés très enthousiastes, mais aussi étonnés par la performance de leurs enfants.

Je peux dire qu’enfants et adultes, nous avons pris beaucoup de plaisir à ce travail, qui nous a demandé pourtant de nous dépasser et de fournir de réels efforts.

C’est pourquoi je souhaiterais pouvoir poursuivre ce travail et l’élargir dans la communication avec d’autres écoles.»


Sylvie Lindemann